DOSSIER SPECIAL GR 20 (CORSE)
TRAVERSEE DE LA CORSE NORD-SUD PAR LE GR 20
LE GR 20 C'EST PAS DE LA TARTE !
MAIS C'EST BEAU !
LES ETAPES
LYON - CALENZANA |
CALENZANA - REFUGE ORTU DI U PIOBBU |
REFUGE ORTU DI U PIOBBU - REFUGE CAROZZU |
REFUGE CAROZZU - REFUGE ASCU STAGNU |
REFUGE ASCU STAGNU - BERGERIES DE BALLONE |
BERGERIE DE BALLONE - REFUGE MANGANU |
REFUGE MANGANU - REFUGE PETRA PIANA |
REFUGE PETRA PIANA - VIZZANOVA |
VIZZANOVA - BERGERIES D'E CAPANELLE |
BERGERIES D'E CAPANELLE - REFUGE PRATI |
REFUGE PRATI - REFUGE DE LAPARO |
REFUGE DE LAPARO - ZICAVO |
ZICAVO - AJACCIO |
LYON - CALENZANA |
Cette traversée , effectuée durant la première quinzaine de Juillet 2000 , a été effectuée en solo et en autonomie complète avec un sac à dos de18kilos.
Décollage sans problème de Satolas et atterrissage en douceur à Calvi. Je monte dans un taxi qui me conduit au gîte Isnard à CALANZANA. Les chambres sont pleines et une trentaine de tentes est déjà montée. C'est l'internationale des langues ( Anglais-Allemand-Italien-Belge-Suisse).!
Visite du village dont les rues sont bordées de lauriers roses ; les cigales chantent...et le soleil encore.
Premier souper Corse; repérage du départ du GR et retour au gîte, car demain les choses sérieuses commencent.
CALENZANA - REFUGE ORTU DI U PIOBBU |
Réveil à 5heures. Une petit déjeuner copieux et à 5h30 , je charge mon sac et en route. Je double dans le village de nombreux " convois" de randonneurs matinaux et j'attaque seul la montée. Ce sera ma politique tout au long de cette traversée ; rester devant pour voir autre chose que " le c.. du suivi" !
Le soleil est déjà là.
Le GR commence à la sortie Sud-Est du village et emprunte le bon sentier muletier qui se dirige vers la fontaine d'Ortiventi , monte jusqu'à la Bocca di Ravalente au milieu des pins et des genêts pour arriver au promontoire d'Arghiosa ( 820m).
Il continue en larges lacets d'où l'on peut apercevoir la baie de Calvi. Passage à un premier col , le Bocca a u Saltu (1250m). Première pause céréale et eau qu'il me faut gérer avec parcimonie car je n'ai qu'un litre pour aller d'un refuge à l'autre et c'est très peu.
L'itinéraire descend un peu, puis passe par une zone de barres rocheuses équipées parfois de câbles et menant au large col de Bocca a u Bassigueliu ( 1486m). Rencontre avec deux italiens venus par Bonifatu et avec lesquels on se retrouvera souvent en tête.
Le sentier continue en une courbe régulière et parallèlement à l'arête du Fucu pour arriver au refuge d'Ortu di u Piobbu (1570m). Il est 11 heures et il fait déjà très chaud. L'hélicoptère de secours vient déjà chercher un randonneur pris d'une sérieuse hypoglycémie.
Le refuge est sommaire et en plein soleil . Il n'y a rien à manger à part un peu de charcuterie , ni à boire , l'hélicoptère ne l'ayant pas encore ravitaillé.
Je vais prendre une douche froide au tuyau de "la cabine" mis à disposition.
Je fais le plein d'eau à la source avec un micropur ; c'est imbuvable, trop de javel, tant pis je fais l'impasse quitte à prendre "la tourista"..
Peu à peu le refuge se remplit et les bivouacs aussi.
Le soir un souper , ( soupe et pâtes) chauffées sur mon réchaud à alcool.
Soirée football au transistor du gardien , car c'est la finale France - Italie.
Il y a de l'ambiance !.
REFUGE ORTU - REFUGE CARROZZU |
Lever 5heures. Il fait beau . Je prépare mon café au lait , deux tranches de pain d'épice et c'est le départ sous le soleil . En passant devant la source , je refais le plein d'eau.
Une petite descente jusqu'au ruisseau et aux bergeries ruinées de Mandriaccia et montée dans des éboulis et des dalles jusqu'au premier col du Bocca Piccaia ( 1950m) . Une forêt de pics vertigineux s'élancent vers le ciel.
Continuation de la montée passant sur le versant sud du Capu Ladroncella (2145m) . Par une longue traversée et par de petits collets interminables , à monter et à descendre en petite escalade dans les rochers acérés on rejoint le deuxième col de Bocca d'Avartoli ( 1898m).
J'ai trop attendu pour boire et je vomis, l'estomac tordu par des spasmes. Cette traversée , c'est l'enfer . Elle continue sur le versant est , franchit à nouveau la crête sur le versant nord-ouest pour rejoindre le troisième col Bocca Inuminata ( 1865m).
Enfin c'est la descente dans un couloir assez raide , menant au refuge de Carrozzu ( 1270m).
Il est 11h30.
Je prends ma couchette dans le "camp de concentration" , à 3 hauteurs de couchettes , et pas droit à lever la tête.
Une bonne douche froide au tuyau de source " à poil dehors" , c'est la cabine du refuge, une bonne bière corse et une petite sieste .
A 14h , le temps tourne à l'orage et il tombe quelques gouttes de pluie. Les derniers randonneurs arriveront à 17h!
Nouvelle intervention de l'hélicoptère de secours pour récupérer un homme blessé à la cheville.
Le campement est plein, plus de cent personnes entre les campeurs et le refuge.
Une bonne soupe , une omette pour refaire les calories et au lit.
REFUGE CARROZZU - REFUGE ASCO STAGNU |
Je n'ai pas pu dormir de la nuit. A 4h je suis sorti finir ma nuit sur une table . Il faisait trop chaud dans le dortoir.
A 5h30 au lever du jour et du je démarre le sentier qui descend par des dalles équipées par endroit de câbles jusqu'à la passerelle suspendue de Spasimata qui a été refaite à neuf.
On monte après sur la rive gauche du torrent en passant par une série de dalles rocheuses dans une combe d'origine glaciaire particulièrement lunaire. Au loin on peut apercevoir la mer .
Après une montée raide, on arrive au lac (1860m) et à la brèche de la Muvrella (2000m).
Puis c'est la grande arête de partage des eaux , légèrement au sud du col de Bocca a i Stagni ( 2010m). Une pause avec en vue très bas , la station d'Asco.
Descente dans des couloirs rocheux assez raides, avant d'arriver à une jolie zone de pins Laricio qui mène au refuge d'Asco Stagnu (1422m).
Il est 10h.
Le refuge est un joli bâtiment avec de petites chambres et des douches chaudes. C'est le grand luxe.
Je vais au restaurant de la station prendre mon premier repas consistant depuis trois jours.
Une longue sieste de digestion et visite de la petite station située dans une belle vallée.
Ici le ravitaillement est complet .
Deuxième douche...re-souper et au lit sans complexe.
REFUGE ASCO - BERGERIES DE BALLONE |
Je n'ai pas dormi de la nuit malgré les bonnes conditions. J'ai eu la barre au front et aux yeux...le rosé...
Routine habituelle , toilette, petit déjeuner et départ.
Le sentier suit le tire fesse , puis grimpe en longeant une moraine au milieu des pins dans lequel le soleil apparaît. C'est féerique. Un premier plateau où le sentier longe la rive gauche du ruisseau de Stanciacione et on monte jusqu'à une cuvette d'origine glaciaire à travers des roches rouges où subsistent des restes de névés pour arriver au site protégé d'Altore (2000m).
Puis le GR se dirige toujours en montant , vers un petit lac et arrive au col de Bocca Tumasginesca ( 2183m) , au bord du fameux cirque de la Solitude.
J'attaque la descente en premier avant qu'il n'y ait des embouteillages de panique !
C'est bien équipé de chaînes et sa réputation est bien surfaite.
Remontée sur les dalles à partir du bas (1980m) , il faut tirer sur les bras et c'est plus physique , pour arriver au col du Bocca Minuta (2218m).
La vue du côté Solitude est impressionnante , au loin on voit la mer . Derrière le col , en toile de fond le Monte Cinto le plus haut sommet de Corse.
J'ai la forme.
Puis c'est la descente par une série de dalles lisses , jusqu'au refuge de Tighjettu (1640m) avec ses formes futuristes. Je fais le plein d'eau et continue jusqu'aux bergeries de Ballone ( 1440m) et où je croise des militaires en manoeuvre.
Arrivée à 10h30.
Direction la rivière où je me baigne dans de magnifiques gours .
Dîner à la bergerie qui fait à manger et qui a monté une grande tente pour ceux qui veulent dormir.
Sieste au bord de l'eau et nouveau bain paradisiaque.
Souper aux lyophilisés , et je rentre dans mon duvet avec pour seul obstacle de plafond, un magnifique ciel étoilé et un petit vent rafraîchissant .
BERGERIES DE BALLONE - REFUGE MANGANU |
Nouveau départ matinal et pourquoi le dire encore sous le soleil.
En rive droite du Viru , le GR suite une courbe de niveau à travers une forêt et rejoint le vallon de Focce Chialla .
Par une raide montée au dessus du ruisseau de Foggiale , on atteint le col du même nom ( 1962m).
De là on aperçoit le vallon du Golo. Après une nouvelle grimpette , le sentier gagne un petit plateau herbeux proche des sources du Golo. Le refuge de Ciottulu du i Mori (2000m) est niché à flanc. On aperçoit juste à sa droite le fameux sommet de la Paglia Orba (2525m) et le Trou du Capu Tafunatu ( 2335m) dont les rochers roses brillent de tous leurs feux du matin.
Je fais le plein d'eau au refuge , car je saute cette étape et je repars en suivant les crêtes d'où l'on aperçoit la mer au loin.
Le GR descend après les bergeries de Tulla ( 1700m) et rejoint le cours du Golo avec ses vasques claires et profondes . Je ne peux résister à faire trempette à 9h30 dans cette eau si claire mais froide.
La descente continue en passant au pied du Bocca di Guagnerola . Par un petit défilé pittoresque on franchit le Golo et on passe devant les bergeries d'E' Radule (1370m) et on pénètre dans la forêt de Valdu Niellu.
J'arrive au col de Vergio ( 1404m). Il est 11h45.
Après un bon dîner au restaurant de l'hôtel , je décide de continuer après une petite pause digestive.
Dans la forêt je croise un troupeau de cochons sauvages et monte jusqu'à l'oratoire du Bocca San Pédru (1452m) et poursuit sur l'antique chemin muletier qui longe la crête de San Tomasgiu et qui franchit le col de Bocca a reta ( 1883m).
Je m'arrête un moment car j'ai envie de vomir et plus rien ne passe dans l'estomac.
J'entame la descente sur le lac Ninu et ses pozzines et coupe une large croupe avant de descendre sur la hêtraie de Campiglione.
Après un dernier virage, je descend sur les bergeries de Vaccaghja (1621m) . J'en ai marre et je suis à bout ; j'ai envie de m'arrêter et ce n'est que la vue au loin du refuge de Manganu que m'indique le berger qui me pousse à continuer.
Je traverse les pozzines du Pianu di Campotile , remonte jusqu'à Bocca d'Acqua Ciarniente (1568m) , où je suis pris de nouveaux vomissements et de crampes d'estomac.
A 17h30 , dernier arrivé au refuge de Manganu ( 1601m), littéralement vidé de toute force.
Douche, soupe , car rien d'autre ne passe , râlant de voir les autres se goinfrer de pâtes et au lit.
REFUGE MANGANU -REFUGE PETRA PIANA |
J'ai bien dormi. Il est 5 heures. Un grand café, quelques fruits secs, car je n'ai plus rien pour déjeuner à part des barres.
Démarrage à 5h45 , c'est dur et le soleil se lève.
Je remonte le vallon du ruisseau de Manganu jusqu'à un cirque dont le fond est occupé par un petit lac (1969m). Par une raide montée on arrive à la brèche de Capitellu (2225m). On domine les lacs de Mélo et Capitello.
Le terrain devient plus escarpé et l'itinéraire pénètre dans une zone particulièrement rocheuse. Le GR passe sur le versant Capitellu , descend progressivement et rejoint de nouveau l'arête de partage des eaux à une brèche qu'il faut monter en petite escalade ( 2000m).
J'ai de nouveau envie de vomir , ces brèches n'en finissent pas . C'est beau , mais dur.
Intersection avec le sentier qui part sur le lac de Mélo et les bergeries de Grotelle.
Le sentier revient sur le versant nord en passant à travers une zone de dalles et aboutit au pied d'une raide pente couverte de buissons d'aulnes.
Je suis complètement en travers , l'estomac tordu par manque de nourriture et je paie les efforts fournis hier.
Je monte pas à pas jusqu'au Bocca Rinosa ( 2150m).
Le GR passe au dessus des petits lacs du Rinosu , longe le pied des escarpements de la Muzella et arrive au dernier col le Bocca Muzella (2206m).
J'entame la descente de la Maniccia . Vers 2050m , on traverse une nouvelle fois l'arête pour gagner par une raide pente glissante le petit plateau herbeux sur lequel s'élève le refuge de Petra Piana ( 1842m).
Il est 12h15
Une bonne douche chaude , quelques pâtes avalées avec leur eau de cuisson pour faire descendre le tout ,et sieste.
L'après midi baignade dans un gour sous une cascade , l'eau n'est pas chaude, mais cela revigore .
Je suis seul au refuge , le" troupeau "est à un jour derrière moi.
Nouveau souper et une bonne nuit de récupération malgré le vent qui a soufflé en rafales toute la nuit.
REFUGE PETRA PIANA- VIZZANOVA |
Départ de bonne heure au milieu des bivouacs encore endormis.
Il est déjà là ce soleil ,encore , et toujours là.
Descente sur les bergeries de Gialgu ( 1609m) ; je m'aperçois que j'ai oublié mon bob, tant pis , je ne remonte pas, je ferai un chèche.
Arrivée au ruisseau du Manganellu vers 1440m. On prend une piste qui se transforme en sentier pour aboutir à la bergerie de Tolla ( 1011m) et à la passerelle sur le Manganu ( 940m).
Ici le GR fait la jonction avec l'itinéraire du Mare a Mare Nord et remonte sous une hêtraie jusqu'à la bergerie de l'Onda.
Pause casse croûte ( ce n'était pas un luxe..) avec les bergers , passage devant le refuge 1430m), et plein d'eau.
Montée de l'arête issue de la Punta Muratellu. La brume s'est levée et le vent souffle en tempête me déséquilibrant.
Je suis obligé de mettre un coupe vent et ma polaire.
Arrivée à la brèche de Muratellu ( 2020m) et basculement sur l'autre versant. C'est la chaleur et l'arrêt du vent.
Descente de la vallée de l'Agnone avec sa belle rivière et ses nombreux gours auxquels je ne peux une nouvelle fois résister à faire trempette.
Passage sur la passerelle de Torteru ( 1410m) et arrivée à la cascade des anglais, noire de monde.
Promenade sur le chemin touristique jusqu'à VIZZANOVA où j'arrive à 15h.
Ici, s'arrêtent ceux qui ne font que la traversée nord , où qui arrivent du sud de CONCA.
Partie nord, que j'ai trouvé assez dure , compte tenu de la chaleur , du poids du sac et de mon rationnement en eau et nourriture!
Visite de la petite ville , noire de monde , installation au gîte Laricci et le soir un bon souper, bien arrosé , avec une équipe de marseillais qui fêtaient leur fin de circuit.
VIZZANOVA - BERGERIES D'E CAPANELLE |
Il parait que le vent a soufflé toute la nuit , je n'ai rien entendu ...
Un petit déjeuner copieux avec l'équipe des marseillais et je redémarre à nouveau seul devant.
Je suis toujours de la partie !
Je franchis la RN 193, puis le GR monte en lacets par de bons sentiers forestiers dans les pins très secs et les hêtres.
Un canadair passe au dessus de moi et je ne suis pas bien tranquille en cas de feu , ce serait le piège.
On atteint le Bocca Palmente ( 1640m) par une raide montée , le franchit , et emprunte le chemin de ronde qui reste pratiquement à niveau sur le versant est.
Passage devant les bergeries d'Alzéta( 1560m) , de Cardu et arrivée à celles de Scarpacceghje .
Par une dure grimpette on rejoint la route de la station de ski de Ghisoni où se situe le refuge et le gîte des bergeries d'E Capanelle ( 1586m).
Il est 12h.
Le refuge est plein et je vais manger au restaurant du gîte et refaire mon plein de ravitaillement car je n'ai plus rien.
Le temps tourne un moment à l'orage ,puis se dégage à nouveau, mais il fait subitement froid , aussi je prends un bon souper corse, pour me refaire des forces.
BERGERIES D'E CAPANELLE - REFUGE DE PRATI |
Toute la nuit le vent a encore soufflé .
Je refais mon sac et attend l'ouverture du restaurant pour prendre un petit déjeuner copieux avant le départ à7h45 sous le évidemment.
Le GR suit un sentier boisé qui passe aux bergeries d'E Traghjete et descend au pont d'E Cassacce avant d'arriver au plateau de Gialgone (1591m).
On passe le torrent de Marmanu sur une passerelle et cheminement sur la rive droite parmi de gigantesques sapins.
Montée jusqu'au Bocca di a Fiasca (1430m) et croisement d'une harde de cochons sauvages.
Reprise d'une large piste forestière qui amène au Bocca di Verdi (1289m) et à son refuge.
Pause à ce refuge privé doté de tout le confort et qui fait du ravitaillement.
Reprise de mon chemin à travers bois en une rude montée sous des hêtres ,puis à découvert jusqu'au Bocca d'Oru ( 1840m).
Je traverse le plateau de Foce di Prati qui descend sur le refuge de Prati ( 1820m).
J'arrive à 13h30 le premier et je peux bénéficier de la douche chaude grâce à l'eau du tuyau chauffée par le soleil.
Le refuge qui avait brûlé est refait à neuf. Belle vue sur la mer et Solenzara.
A 16h le temps se couvre et il fait froid . La météo est annoncée très mauvaise pour les prochains jours.
J'ai attrapé " la tourista" et je suis à l'immodium.
Le refuge se remplit et les places deviennent chères!
La brume est là et il gèle, on n'y voit pas à trois mètres.
Dans la nuit l'orage éclate , violent et le vent souffle en rafales de plus de 100km/heure.
A 2H, je suis obligé de me lever pour aller aux toilettes , il pleut et je me trempe. J'ai du mal à retrouver le refuge, heureusement qu'il y avait le tuyau d'eau qui m'a servi de guide tellement le brouillard est intense.
Je grelotte dans mon duvet jusqu'au matin.
REFUGE DE PRATI - REFUGE DE LAPARO |
A 7h, je me lève pour déjeuner.
Tout le monde est couché et la cuisine est encombrée de gens qui dorment par terre ( 90 personnes pour 30 places)!
A 8h, je me remets au lit. La météo est aussi mauvaise. Il fait froid et la brume est tenace . Je fait et refait mon sac , n'osant pas partir seul.
A 12h, je mange un morceau . Tout le monde est bloqué dans le refuge et ceux qui ont essayé de passer les crêtes ont fait demi tour à cause du vent.
A 13h, deux belges décident de partir quand même malgré les conseils défavorables du gardien. J'en ai marre d'attendre et je me joins à eux par mesure de sécurité. Nous seront les seuls ! C'est de la pure folie, nous assure le gardien qui nous suivra à la jumelle pour voir si nous réussissons à passer.
Le GR suit l'arête faîtière de près et gravit les raides contreforts de la Punta Capella.
On atteint une éminence cotée (1988m) . En restant à l'altitude de 2000m en contourne la Punta Capella (2041m) et on redescend dans une cuvette pierreuses , Bocca di Campitellu (1910m).
Le GR suit la crête en traversant des pentes rocheuses assez raides. Le vent souffle à plus de 140km/H et nous renverse malgré les bâtons et le sac. C'est dantesque et purement fou.
Après des gros blocs on passe sur les pentes de la Punta Latuncella au milieu des hêtres pour arriver sur le Bocca di Rapari ( 1614m).
On revient de nouveau sur le versant ouest et le GR en traversant les pentes de la Punta di Campulongu atteint le Bocca di Laparo , où sont implantées des antennes radio.
Ici se fait la jonction avec le Mare a Mare Centre.
Le ciel est à nouveau très couvert et l'orage gronde. On redescend jusqu'à un tout petit refuge (1400m) situé sous le col de Laparo ( 1525m) et peu connu.
Il est 15h.
Le refuge est non gardé , vide , mais on est à l'abri et au calme!
Je suis obligé de prendre de l'aspirine car je tremble de froid et j'ai un point dans les reins. Une petite heure dans le duvet et tout va mieux pour le souper .
Quel calme !
REFUGE DE LAPARO - ZICAVO |
Les belges m'appellent à 4h30. J'ai bien dormi.
Le temps est gris et couvert , mais le vent souffle un peu moins fort.
Café, cachets....
Démarrage à 5h30 par la remontée jusqu'au col de Laparo. On quitte la forêt pour monter en lacets jusqu'à l'arête faîtière de Bocca di Munta Mozza( 1800m) . Le vent s'est à nouveau levé ainsi que le brouillard . On distingue à peine les marques du GR. Je m'accroche aux basques des belges pour ne pas les perdre. C'est angoissant et aucune vue à part ses propres pieds.
Passage sur le plateau pierreux de Bocca di a Furmicula ( 1950m) et descente sur le refuge d'Usciolu ( 1750m) ou on arrive à 7h45.
Tout le monde est encore couché y compris le gardien , car tous étaient , là aussi, bloqués par la tempête. Un petit moment d'arrêt et les belges me quittent car ils ont un timing très serré par leur départ en avion.
Je repars un peu plus tard , seul. Je suis l'arête du Bocca di Suragheddu ( 1850m). Le brouillard est intense et le vent souffle encore fort dans les brèches. Ce n'est pas le moment de se planter !
L'itinéraire chemine sur une portion d'arête baptisée Arête des Statues ( en raison des nombreux rochers aux formes bizarres ) que je distinguais à peine et passe au point culminant de la Punta di a Scaddatta ( 1836m) . La pluie se met à tomber en rafales . Je met ma cape ; puis c'est le grésil et enfin la neige . C'est la totale !Et on y voit toujours pas à deux mètres !
Je continue le sentier et à descendre jusqu'à la dépression de la Bocca di Agnonu ( 1570m) .
Il va falloir que je remonte sur le Monte Alcudina (2134m) avant d'arriver au refuge d'Asinau.
Compte tenu des conditions météo , il me faut prendre une décision rapide , les éléments étant déchaînés.
Je décide de redescendre dans la vallée sur le village de ZICAVO.
La descente est longue et pénible, sous des rideaux de pluie ayant transformés les chemins en véritables ruisseaux.
J'arrive au village à 12h30 , complètement trempé.
Je vais dans un restaurant où l'on me regarde de travers avec mes chaussures dégoulinantes.
Un bon repas quand même et je prends une chambre dans un hôtel pour passer la nuit et me soigner.
J'ai à nouveau froid et j'ai cette fois un rein complètement bloqué et toujours "la Tourista". Je déguste au prix fort soit le fait de ne pas avoir mis du micropur dans mon eau et pas avoir assez bu , soit d'avoir pris froid avant hier où les deux !
J'ai eu raison de redescendre car dans l'après midi le grésil et la neige se mettent à tomber sur le village à 780m . Ce ne doit pas être triste sur l'Incudine !
Un bon souper corse le soir et j'essaie de faire sécher mes chaussures et mon rechange qui a pris l'eau et je n'ai plus rien de sec.
ZICAVO - AJACCIO |
Réveil à 7h.. Je refais mon sac encore trempé. Le soleil est de retour , mais les cimes sont blanches.
J'ai décidé de sauter le refuge d'Asinau et de rejoindre le col de Bavella , faire le tour des aiguilles par la variante des crêtes et redescendre par le GR et aller jusqu'au refuge de Paliri et finir tranquillement jusqu'à CONCA.
Pour cela je fais du stop à la sortie de Zicavo. Les heures passent et rien ... C'est vraiment le trou !
Bien des heures plus tard, n'ayant toujours pas de moyen de transport en direction de la montagne, je fais du stop en direction d'AJACCIO et là , cela marche.
Tant pis j'arrête mon périple là , je pourrai ainsi me soigner le rein qui m'oblige à prendre des spasfont à n'en plus finir.
Arrivée à Ajaccio à 15h.
Il fait chaud et je n'ai pas bonne mine avec mes 6 kilos perdus !
Deux jours d'attente dans un hôtel à me requinquer et attendre mon avion pour revenir dans la métropole .
Cela m'a permit de visiter Ajaccio de fond en comble et d'assister au feu d'artifice du 14 Juillet tiré dans la baie.
Embarquement à l'aéroport et arrivée à Satola s.
C'est la fin du voyage et du rêve , même si je n'ai pu faire et voir les aiguilles de Bavella , j'ai quand même accumulé 9400 mètres de dénivelé positif sur ce circuit merveilleux.
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